Pêcheurs normands à la doris

Ce matin du 1er mai, à trois heures, l’heure où les noctambules se jettent sous les draps, la jetée de St Aubin sur mer s’éveille doucement. Les marins sont arrivés et s’habillent. En cette saison, on pêche la seiche. Relevée des casiers ou des filets, elle crache son encre épaisse et collante. Igor la vendra « noire » à la criée de Dieppe, à un prix dérisoire, mais en quantité pour les chinois, ou « blanche » à l’étal pour les habitués ou les touristes.

Le tracteur démarre. Le Phare de Dieppe comme seul repère en cas de panne du GPS, Igor, Noël son frère et JC la jeune recrue, descendent à la mer leur doris, un bateau de 8m à fond plat.

Ils partent relever 6 filets de 500 ou 1000 m et reviendront vers 5h30 pour les sortir du bateau et les vider.  Le capitaine Igor, victime d’une gastro-entérite ce matin-là, se videra régulièrement de ses entrailles au cours du trajet.

Revenue vider la doris pleine, l’équipe repart vider les casiers, il est 6h30. A cette heure-là, pas d’attroupement sur le ponton pas de touristes avides de photos ratées, pas de femmes gouaillant fièrement « Allez ! Courage les gars ! ».

Arrivés sur ce second emplacement, les filets d’un concurrent sont étrangement proches des casiers, beaucoup trop pour croire à un hasard. Evidemment, les trois quarts des casiers sont vides. Arrivé à terre, Igor prend rapidement son téléphone pour joindre le propriétaire des filets : il faut rapidement  mettre les choses au point…

La mère d’Igor arrivera vers 7h30 pour préparer les premiers poissons et les proposer à la vente aux touristes et aux habitués.